mais qu'est-ce que tu
veux que je te dise ?
but what do you
you want me to say?
2005
dv
04:38

II s'agit de l’image quasiment fixe d'un no man's land.
C'est une image finie et délimitée ; elle cadre une ligne d'horizon. La nature et Ie sens de cette représentation vont être modifiés selon 3 modalités qui s'enchaînent.
Un homme qui marche surgit de l’au-delà d'un bord, un homme jusque-là hors limite, invisible, traverse ce no man's land. L'homme ne s'y arrête pas, il le franchit comme on traverserait un seuil dont on ignore l’épaisseur. Son passage modifie la nature de l'image : elle n'est plus finie, elle continue hors-bord. Cette traversée transforme également ce que l'on voit : il s'agit désormais d'un lieu de passage. Indépendamment des raisons pour lesquelles cet homme marche, au-delà de l'endroit d'où il vient et de l'endroit où il va, il traverse ce que je vois, il voit ce que je ne vois pas, il modifie les perspectives.
Un homme qui marche surgit ; au fur et à mesure de sa progression, le paysage disparaît peu a peu, pour ne plus être qu'un à-plat blanc. II se déplace dans une densité sans limites. Tout passage, tout rite de passage réussis supposent une capacité de s'abstraire de la réalité. Peu importe le lieu, c'est l'acte de passer qui compte.
Un homme qui marche apparaît. Après avoir traversé plus des 2/3 de l'image, sa progression l'estompe jusqu'à ce qu'il disparaisse. L'épaisseur du seuil pourrait être celle de toute une vie, celle de cet homme, surgit de l’au-delà d'un bord, par nature dans l’impossibilité de rejoindre l'autre bord ; l’idée d'une demi-droite dont l'origine serait la fin.
It's an almost fixed image of a no-man's-land.
It's a finite, delimited image, framing a horizon line. The nature and meaning of this representation are modified in 3 successive ways.
A walking man emerges from beyond an edge, a man hitherto out of bounds, invisible, crossing this no-man's-land. The man doesn't stop there, he crosses it as if crossing a threshold of unknown thickness. His passage alters the nature of the image: it is no longer finished, it continues off-board. This crossing also transforms what we see: it is now a place of passage. Regardless of why this man walks, beyond where he comes from and where he's going, he crosses what I see, he sees what I don't, he changes perspectives.
A walking man emerges; as he progresses, the landscape gradually disappears, becoming nothing more than a white flat. He moves into a boundless density. Any successful passage or rite of passage presupposes an ability to abstract oneself from reality. No matter the place, it's the act of passing that counts.
A walking man appears. After crossing more than 2/3 of the image, his progress blurs it until he disappears. The thickness of the threshold could be that of an entire life, that of this man, emerging from beyond an edge, by nature unable to reach the other edge; the idea of a half-right whose origin would be the end.