Göbekli Tepe (la colline ventrue en turc ) est un site préhistorique datant d’environ 10 000 ans avant notre ère, situé à la frontière turco-syrienne. D’une superficie de 9 hectares pour un diamètre 300 mètres, il a été conçu et occupé pendant plus de 3 000 ans par des  groupes de chasseurs-cueilleurs, avant qu’ils ne procèdent délibérément a son enfouissement.

Il se compose de plusieurs structures de forme ovoïde ou circulaire délimitées par des enclos et parées de piliers en forme de T de 3 à 5,5 mètres de hauteur. Ces piliers consistent en 2 blocs de pierre taillée et ornée posés l’un sur l’autre.

Aucun aménagement pratique et aucun vestige d’une activité quotidienne n’y ont été découverts. Ce qui laisse supposer que plusieurs groupes de chasseurs-cueilleurs devaient s’y retrouver régulièrement afin de mettre en œuvre ces imposants ensembles de pierres sculptées, qui n’auraient dès lors pas d’autres fonctions que collective et cérémonielle.

La découverte de Göbekli Tepe a profondément remis en cause la chronologie communément admise selon laquelle la construction de temples par les hommes a été rendue possible par leur sédentarisation, elle-même conséquence directe de l’invention de l’agriculture et de l’élevage.

 

C’est en imaginant ce qui avait pu animer l’esprit des créateurs de ces piliers en T qu’imperceptiblement, au fil des mois, et chaque jour avec plus de clarté, j’ai pris conscience que j’interrogeais la formation, l’élaboration et le déploiement de ma propre sensibilité, de ses piliers en quelque sorte. 

De là, j’ai entrepris de discerner les hommes et les femmes, les pensées et les actes, les lois et les événements ayant, me semble-t-il, contribué à cette élaboration ; les identifier tout autant pour les dénoncer, les congédier et profondément les remercier, dans une tentative de cerner la composition de l'épaisseur du prisme permanent à travers lequel je perçois le monde. Il s'agira alors d'approfondir ce travail de nettoyage, de curage de la vision afin de poursuivre une quête utopique, celle d'un accès, même infime, au réel brut, la réalité telle qu'elle est, indépendamment de toute interprétation ou construction humaine.

​

​

​

personal pantheon

Göbekli Tepe (Turkish for "potbelly hill") is a prehistoric site dating from around 10,000 BC, located on the Turkish-Syrian border. With a surface area of 9 hectares and a diameter of 300 meters, it was designed and occupied for over 3,000 years by hunter-gatherer groups, before they deliberately buried it.

It consists of several ovoid or circular structures delimited by enclosures and adorned with T-shaped pillars 3 to 5.5 metres high. These pillars consist of 2 blocks of carved and decorated stone, placed one on top of the other.

No practical features or vestiges of daily activity have been found. This suggests that several groups of hunter-gatherers must have gathered here regularly to work on these imposing stone carvings, which would have had no other function than collective and ceremonial.

The discovery of Göbekli Tepe has profoundly challenged the commonly accepted chronology according to which the construction of temples by humans was made possible by their sedentarization, itself a direct consequence of the invention of agriculture and animal husbandry.

 

It was in imagining what might have animated the minds of the creators of these T-shaped pillars that, imperceptibly, over the months and with increasing clarity each day, I became aware that I was questioning the formation, elaboration and deployment of my own sensibility, its pillars as it were. 

From there, I set out to discern the men and women, thoughts and deeds, laws and events that have, it seems to me, contributed to this elaboration; identifying them as much to denounce them, dismiss them and deeply thank them, in an attempt to identify the composition of the thickness of the permanent prism through which I perceive the world. Then it will be a question of deepening this work of cleansing, of curating vision in order to pursue a utopian quest, that of access, however minute, to the raw real, reality as it is, independent of all interpretation or human construction.